(Je vous préviens, vous avez aujourd'hui droit à une tartine.)

 

A Paris, avant de venir vivre à Philadelphie, je travaillais déjà dans un cabinet d'avocats. 

Pendant mes deux dernières années dans ce cabinet, j'étais devenue l'une de ses quatre secrétaires du soir. C'est moi qui avais demandé à passer en horaires décalés, de 17h à minuit - sachant que, souvent, nous pouvions partir bien avant minuit puisque nous avions fini notre travail et que le dernier avocat avait finalement daigné rentrer chez lui.

J'adorais mes horaires : plus de réveil le matin et toute la journée pour faire ce que je voulais ou ce que j'avais à faire, tout en me couchant, le soir, à la même heure que si j'avais gardé des horaires classiques. En plus, travaillant le soir, j'étais payée en horaires de nuit donc ça me faisait, à l'époque, presque 1 000 euros nets de plus par mois dans la poche. Et après le travail, mon taxi était bien sur payé par mon cabinet afin que je rentre chez moi en toute sécurité.

Ah, c'était beau !

 

Mais pourquoi est-ce que je vous parle ainsi de ma jeunesse ?

Parce que demain lundi, figurez-vous que je passe à nouveau en horaires décalés.

Je tiens tout de suite à casser le mythe : point de hausse de salaire pour moi, hélas. Par contre, un taxi me ramènera quand même chez moi tous les soirs.

La seule chose qui change est la nature même de mon travail et évidemment mes horaires : au lieu du classique 9h-17h, je vais passer en 15h-22h30.

Il y a un an, lors de mon premier entretien d'évaluation, j'avais signalé que je serais peut-être intéressée, un jour, par travailler en horaires décalés. Il y avait justement un poste disponible, de 17h à minuit trente. Comme cela ne faisait que six mois que j'étais dans mon cabinet et que je ne m'attendais pas à changer aussi rapidement, j'avais décliné l'offre.

Pendant les mois qui ont suivi, je me suis évidemment demandée si j'avais bien fait de refuser, si ça me plairait vraiment de re-travailler le soir, si ce serait compatible avec ma vie actuelle, si, si, si...

 

Du coup, quand j'ai vu une nouvelle offre d'emploi interne, un peu par hasard, un vendredi de début septembre, j'en ai vite parlé à Monsieur Mon Amour et, le lundi suivant, je posais officiellement ma candidature, sous l'air de : "Mon travail actuel me fait dépérir donc il faut absolument que je fasse bouger les choses. Même si c'est une bêtise, il faut que je la fasse pour être enfin fixée."

Après quelques petits tests Word, Excel et PowerPoint super faciles, un entretien et énormément d'heures de formation, je commence donc mes nouveaux horaires demain, lundi 4 février.

Je suis encore bien sur pleine de doutes par rapport à ces horaires mais depuis mi-novembre, je travaille déjà dans mon nouveau service (et non plus pour mes avocats attitrés).

Et je suis absolument ravie du changement.

L'ambiance est très agréable, mes chefs également, et j'adore ce que je fais au quotidien : pour vous expliquer en quelques mots, mon service est ouvert 24h sur 24 et nous sommes un petit groupe de "super secrétaires" (femmes et hommes) qui apporte son soutien à tous les employés (avocats ou autres) de tous nos cabinets dans le monde ; nous sommes souvent amenés à faire ce que les secrétaires du jour n'ont ou n'auront pas le temps de faire, ou qu'elles ne maîtrisent pas très bien par manque de pratique.

Par exemple, quand un document Word de 200 pages se met à faire des choses bizarres (la numérotation disparaît, une partie du texte n'apparaît pas à l'impression, il y a un "bug"...), c'est nous que l'on appelle à la rescousse pour voir ce qui se passe et, si besoin, re-formater tout le document et en faire un document "sain". Mes collègues qui travaillent le week-end s'occupent même du "Helpdesk" pour répondre aux avocats qui ont des (petits) problèmes avec leur ordinateur.

J'ai donc été formée sur tout un tas de logiciels car je peux être amenée à travailler pour des avocats ayant différentes spécialisations : propriété intellectuelle, droit des sociétés, immigration, droit immobilier, litiges... C'est un service ou l'on apprend sans cesse (il faut souvent faire face à des problèmes nouveaux) et ou l'on doit être très bon dans des domaines très différents.

 

Alors voilà. Vous savez tout. Je pense que ça va me prendre un peu de temps à m'habituer à ces nouveaux horaires. Même si je serai chez moi vers 22h45 et que mon heure de coucher ne va donc pas changer beaucoup, ça devrait être agréable (et un bien grand luxe) d'avoir du temps pour moi, pour cuisiner, pour rêvasser, pour faire le ménage, les travaux, les courses, pour lire, regarder un film... Toutes ces choses que j'espère toujours - comme tout le monde - faire le week-end sans jamais y arriver.

Et vous ? Travaillez-vous en horaires décalés ? Cela vous convient-il ? Si vous êtes en horaires classiques, est-ce que des horaires décalés vous plairaient ? Quels horaires choisiriez-vous ?